Dans ce qui me semble une suite logique à mes derniers articles, je vous parle aujourd’hui de vulnérabilité.
Qu’est-ce que la vulnérabilité ?
Le dictionnaire Larousse en 1995 donnait, pour le mot vulnérable, la définition suivante : Susceptible d’être blessé, attaqué / faible, défectueux, qui donne prise à une attaque. Aujourd’hui (en 2019 donc), la définition de ce même dictionnaire est la suivante : Qui est exposé à recevoir des blessures, des coups / Qui est exposé aux atteintes d’une maladie, qui peux servir de cible facile aux attaques d’un ennemi / Qui, par ses insuffisances, ses imperfections, peut donner prise à des attaques. Notons qu’une notion d’être exposé s’est invitée…
Si nous pensons à quelqu’un que nous qualifions de vulnérable, nous pensons peut-être à une personne que nous jugeons plus faible d’une certaine manière ou tout au moins dans une capacité réduite de se défendre, d’assurer sa propre sécurité, pour différentes raisons. Ne dit-on pas que les personnes âgées et les enfants sont des personnes vulnérables lors d’épisode de grosses chaleurs ou d’épidémie par exemple ?
Donc la vulnérabilité, serait une forme de « faiblesse » ? Pas si sûre.
Là, où l’évolution de la définition, et donc sûrement du concept au niveau de notre société est intéressante est cette notion d’exposition. Car si je suis vulnérable, peut-être est-ce parce que j’expose ma prétendue faiblesse.
En reconnaissant notre vulnérabilité, nous reconnaissons notre fragilité, nous reconnaissons que nous ne pouvons pas tout contrôler, que nous pouvons être touché.e.s physiquement et émotionnellement, balloté.e.s par la vie, par l’autre, par nos propres pensées à propos de tout cela. Nous sortons de la logique de combat dans laquelle nous sommes très souvent enfermé.e.s, nous ne nous battons plus contre. Nous acceptons, nous ne nous résignons pas, nous ne baissons pas les bras, nous reconnaissons simplement ce qui est présent pour nous en ce moment et notre statut d’humain.e.s imparfait.e.s et pas de super-héros-bouclier-contre-tout. Nous mettons notre égo en sourdine.
Nous ouvrons les bras à ce que nos pensées nous servent sur les circonstances de nos vie et donc les émotions qui prennent place dans nos corps. Nous les accueillons et sommes prêt.e.s à les ressentir.
Brene BROWN dit que la Vulnérabilité est un acte de courage : en nous autorisant à ressentir des émotions difficiles, en les acceptant et en « existant » malgré tout. Car en ouvrant ainsi les bras à la vie et à nos émotions, nous acceptons de les ressentir car nous savons qu’elles ne vont pas nous tuer...et nous continuons à vivre.
Reconnaître sa vulnérabilité est un choix vers la paix.
Le choix de la paix avec nous-même dans un premier temps, puis la paix avec l’autre.
En effet, il me semble qu’un vrai défi est d’accepter notre vulnérabilité devant l’autre, c’est à dire accepter de lui montrer. Lorsque nous reconnaissons devant lui que cette situation est inconfortable, que nous nous sentons en difficulté. Lorsque nous acceptons de lui laisser voir nos émotions, notre trouble ou notre tristesse : lorsque nous lui faisons cadeau de notre authenticité.
Parce qu’à ce moment là, je lui offre qui je suis vraiment.
Attention, il ne s’agit pas là de déverser la tristesse ou sa colère ou toutes ses frustrations sur l’autre sous prétexte que c’est « notre vérité » ou « notre actualité »...non, l’autre n’en devient pas pour autant ma poubelle...au contraire, je lui offre ma vulnérabilité comme un cadeau.
Un cadeau qui lui dit :
Regarde, me voici tel.le que je suis
Je n’ai pas peur de ton jugement, je n’ai pas peur que tu me repousses, je fais entièrement confiance.
Nous ne sommes pas obligé.e.s d’être des super-héros.
Nous sommes fort.e.s, et parfois, nous ne savons pas, nous sommes fatigué.e.s, hésitant.e.s, tristes, perdu.e.s. Parfois, ce qui est évident pour toi me donne du fil à retordre, parfois c’est l’inverse et c’est ok.
En offrant à l’autre notre vulnérabilité, nous lui tendons la main, nous créons ensemble un espace de communication précieux car unique et authentique. Car si je suis pleinement moi, tu as le droit d’être pleinement toi.
L’autre peut se relâcher, baisser les armes à son tour, poser le masque. Il peut nous dire ses forces et ses doutes, ses faiblesses et ses peurs.
C’est Ok.
C’est reposant.
Afficher sa vulnérabilité c’est aussi accepter ce que l’autre a à nous dire, sans entrer dans une position de défense, car nous savons qu’il n’est pas responsable de nos émotions. Ce sont nos pensées sur ce qu’il nous dit qui sont responsables de nos émotions...et si nos pensées entraînent des émotions déplaisantes, nous sommes disposé.e.s à les ressentir, les accepter…et cela demande beaucoup de force et de courage comme le dit Brene BROWN
La vulnérabilité créé de l’intimité, car nous accédons à une qualité de relation unique.
Et pourtant bien souvent, nous sommes dans une logique guerrière, nous nous battons : contre la société, la maladie, le monde entier. Nous sommes prisonnier de notre égo, notre masque, notre armure. Bien souvent nous laissons paraître ce que nous pensons qu’il est acceptable de laisser paraître. De nous envers nous-même dans un premier temps : nous nous efforçons d’être à la hauteur de nos espérances. Puis ce que nous pensons que l’autre, que la société attends de nous.
Alors souvent, j’entends des objections à cette proposition : « Oui, mais il va s’en servir contre moi, pour me blesser », « ça va se retourner contre moi »…Je ne pense pas, pour différentes raisons :
Tout d’abord, l’autre ne nous blesse pas tant que nous ne décidons pas qu’il nous blesse. Souvenez-vous : nos pensées créent notre réalité. Ce n’est pas ce que dit l’autre qui nous blesse, ce sont les pensées que nous avons à propos de ce qu’il dit. Nous pouvons accepter la critique éventuelle en ayant l’honnêteté de nous observer et réaliser qu’elle est plutôt juste et nous en servir pour grandir. Nous pouvons décider que cette critique est totalement infondée si c’est ce qui nous semble juste à ce moment là.
Ensuite, si nous offrons notre vulnérabilité à l’autre, c’est que nous nous la sommes offerte à nous-même en premier lieu...nous connaissons donc nos émotions et nous sommes prêt.e.s à les traverser. Nous ne sommes pas en danger.
Il ne s’agit pas d’aller nu.e, offrir des roses au milieu d’une guerre de tranchée.
Faire preuve de vulnérabilité revient à tout d’abord prendre conscience de l’absurdité de la guerre, puis décider d’arrêter de se battre, puis le proposer aux autres : nos alliés en premier, nos « adversaires » ensuite.
Pour vivre en paix, il faut baisser les armes puis se libérer de l’armure. Il faut que quelqu’un fasse le premier pas. Et cette personne, ça ne peut être que nous, si nous choisissons d’être authentiques, généreu.se.s et vecteurs de paix. D’être celui qui bâtira les fondations d’un nouveau degrés dans nos relations.
Reconnaître sa vulnérabilité c’est se donner beaucoup d’amour à soi-même, c’est accéder à la paix, c’est aussi reconnaître sa force et son courage !
Et vous, acceptez-vous votre vulnérabilité ?
PS: sur cette photo: un grand moment de vulnérabilité observé par la photographe A. DIDIER
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